Alors que les marques redoublent d’ingéniosité pour se forger une identité sonore forte et mémorable, l’intelligence artificielle s’invite dans la partition. 🎵 À quoi ressemble la création musicale à l’ère de l’IA ? Peut-on réellement créer de l’émotion avec des notes générées par un algorithme ? L’IA compose-t-elle ou recompose-t-elle simplement ce qu’elle a déjà entendu ?
😎 Pour en savoir plus sur la création musicale de marque, la team We Ae COM est allée à la rencontre de l’expert, Alexandre Saboundjian, CEO du lecteur multimédia Winamp. Entre promesses technologiques et enjeux artistiques, Alexandre Saboundjian nous partage sa vision affûtée de la création musicale à l’ère de l’intelligence artificielle. C’est parti pour une immersion au cœur de la musique augmentée ! 🚀
Bonjour Alexandre, pour commencer, quelle serait votre définition de la création musicale, notamment dans l’univers des marques ?
Derrière toute création musicale de marque, il existe une notion de simplicité et de mémorisation. La musique de marque est une signature : un assemblage concis de quelques notes soigneusement choisies, spécialement conçu pour favoriser la mémorisation.
Entrons dans le vif du sujet ! Comment l’intelligence artificielle transforme-t-elle aujourd’hui la création musicale ?
Je suis convaincu que l’IA est un accélérateur de création. La création musicale et la technologie entretiennent d’étroites relations, que ce soit dans les processus de création, de mixage ou de post-production. Il ne faut pas croire qu’aujourd’hui on entre encore dans un studio guitare à la main. 🙂 Aussi, l’intelligence artificielle est une nouvelle technologie qui va venir impacter positivement nos métiers, à condition de la manier raisonnablement.
D’une part, elle peut venir assister l’artiste dans son processus de création. D’autre part, elle peut lui permettre d’explorer les sonorités d’instruments qu’il ne maîtrise pas, sans avoir à faire appel à un autre musicien.
La véritable question est : “qu’en est-il des morceaux générés par des IA dans leur entièreté ?” Cette interrogation remet en perspective la notion de qualité : celle née de l’intelligence artistique face à celle issue de l’intelligence artificielle.
Je suis convaincu que l’IA est un accélérateur de création.
Justement, pensez-vous que l’IA représente une menace pour les artistes ?
L’IA en elle-même ne représente pas une menace, mais l’usage de l’IA non encadré, si ! Il faut savoir que l’apprentissage musical d’une intelligence artificielle repose sur l’analyse de morceaux préexistants, issus de ce qu’on appelle des catalogues. La problématique est la suivante : comment rémunérer les musiciens qui ont composé ce catalogue ?
Une prise de conscience est nécessaire. Il est urgent de créer un nouveau segment de rémunération pour mettre fin à cette politique du “hold-up” musical.
Comment l’IA remet-elle en question les lois actuelles sur les droits d’auteur dans l’industrie musicale ?
Un cadre législatif protège les œuvres, et nottament par les droits d’auteur. Tout morceau appartient à son créateur souvent l’artiste ou appartient à un catalogue d’un label. En ne tenant pas compte de cette logique, l’IA devient un risque pour les musiciens.
L’apprentissage des intelligences artificielles ne devrait pas être gratuit, surtout si celui-ci repose sur des créations préexistantes et protégées par les droits d’auteur.
Ce leurre économique me fait penser à ce qu’on appelait autrefois l’internet libre. Un mouvement qui a permis aux géants du net de s’imposer sans contrepartie, tandis que la charge économique s’est progressivement déplacée vers les utilisateurs finaux, à travers des services devenus payants et des infrastructures financées par leurs abonnements.
L’apprentissage des intelligences artificielles ne devrait pas être gratuit, surtout si celui-ci repose sur des créations préexistantes et protégées par les droits d’auteur.
Quels sont les défis liés à l’utilisation de l’IA pour générer des morceaux inspirés d’artistes existants ?
D’un point de vue technologique, générer une musique avec l’IA, c’est simple. D’un point de vue juridique, c’est extrêmement complexe. Le problème ne vient pas de la technologie en soi, mais du manque de régulation et de la lenteur à mettre un cadre en place.
Du point de vue des marques, le risque juridique est réel. Si une entreprise choisit de générer une musique ou un jingle via une IA, elle ne rémunère aujourd’hui que la technologie qui lui a permis de créer cette musique. Mais demain, que se passera-t-il si la législation change et qu’un ayant droit porte plainte ?
Les plateformes de streaming devraient-elles imposer des règles pour limiter l’utilisation de la musique créée par l’IA ?
Oui, et ces règles sont déjà efficientes. Les plateformes détectent et rejettent les morceaux provenant des IA.
Non seulement, en s’inspirant d’œuvres existantes, l’intelligence artificielle s’apparente à une forme de plagiat. Au-delà de cela, elle peut freiner la liberté de création : en se nourrissant uniquement du passé, l’IA limite toute possibilité d’innovation. Si l’IA s’était imposée dans les années 60, on écouterait aujourd’hui que du RocknRoll ? 🙂
En se nourrissant uniquement du passé, l’IA limite toute possibilité d’innovation.
D’après vous, quelles seront les grandes évolutions du secteur de la musique et IA de demain ?
L’IA évolue à vitesse grand V et ne cessera d’évoluer. Toute l’industrie créative est concernée. Les créateurs ne doivent pas s’en détourner. Bien au contraire, il serait contre-productif de ne pas tirer parti de cette incroyable technologie.
Les intelligences artificielles auront toujours besoin des artistes pour créer de nouvelles choses. D’ailleurs, nous verrons très certainement émerger demain une nouvelle génération d’artistes, des artistes professionnels du prompt.
Avant de se quitter, auriez-vous un dernier conseil à confier aux lecteurs de We Are COM qui souhaitent se lancer dans la génération de contenus musicaux ?
Entourez-vous de professionnels de la musique ! L’IA n’est pas un expert, si vous ne l’êtes pas non plus, profitez donc de l’expertise de véritables musiciens. Cela vous évitera de tomber dans l’uniformité ou le cliché.
3 choses à savoir sur Alexandre Saboundjian
Son média préféré ? Alexandre puise beaucoup d’inspiration sur LinkedIn, un réseau social de plus en plus riche en contenus variés.
Son jingle de marque préféré ? Pour lui, c’est l’indémodable jingle de la SNCF. Ce logo sonore est porteur d’un super pouvoir d’identification. On l’a tous entendu des centaines de fois, et pourtant on ne s’en lasse pas.
Sa passion ? Le golf ! Ce sport lui permet de s’évader. D’ailleurs, Alexandre donne aussi de son temps en accompagnant une équipe de jeunes golfeurs.