Les métiers de la communication publique et politique – épisode #24

 

Les mini-salons des métiers de la Communication We Are COM X ISCOM, vous présentent le quotidien des communicants : leurs défis et leurs réussites. 🤓 C’est parti pour un tour d’horizon des secteurs de la communication publique et politique.

Paroles d’experts

Du côté annonceur, nous recevons John-David Nahon, Responsable affaires publiques et parlementaires du Groupe SNCF. Tandis que du côté agence, c’est Frédéric Fougerat, Président de Tenkan Paris et Co-fondateur du collectif de DirCOM Les Cogiteurs, qui abordera son quotidien de communicant.

Bonjour John-David, quelle est votre définition des affaires publiques ? 

John-David Nahon : Les affaires publiques correspondent à une communication particulière, dont le public est la sphère publique, c’est à dire les représentants politiques et administratifs. En effet, l’objectif des affaires publiques est d’influencer la loi et donc ceux qui la font. On parle aussi de lobbying, un terme qui a mauvaise réputation à tort. Pourtant, tout le monde pratique le lobbying, les entreprises, les organisations non gouvernementales, les associations d’élus, etc. 

Il est vrai que la vision française très rousseauiste, estime le plus souvent que l’intérêt personnel ne peut servir l’intérêt collectif. Toutefois, en nouant un véritable dialogue entre les décideurs politiques, la société civile et la société économique, le lobbying sert finalement les intérêts de tous. 

Faire des affaires publiques ou du lobbying, c’est éclairer les responsables politique, pour les aider à mettre en place les législations les plus adéquates. Lorsqu’un député ou un sénateur, par exemple, doit se prononcer sur tel ou tel sujet, il peut être difficile pour lui de d’en maitriser tous les tenants et les aboutissant. Aussi, nous lui apportons les informations qui lui sont nécessaires et lui faisons profiter de notre expertise en la matière. 

Bonjour Frédéric, quelle est votre définition de la communication politique ? 

Frédéric Fougerat : Effectivement, en France, le lobbying a trop souvent mauvaise presse. Pourtant, il permet de tenir informé le décideur public et l’oriente vers une prise de décision en faveur de l’intérêt collectif. 

En ce qui concerne la communication politique, c’est avant tout de la communication. Cette spécialité englobe les mêmes sujets et requiert les mêmes compétences et appétences que la COM généraliste. Toutefois, la différence tient à la particularité de notre discours. En effet, étant au service d’élus ou de partis politiques, nous communiquons pour des personnes et non pour des institutions. 

#1 – Pourquoi avez-vous choisi le domaine de la communication et quel a été votre parcours ? 

F. F. : Je dirais que c’est la communication qui m’a choisi et non l’inverse. Plus jeune, je souhaitais m’orienter vers le droit, j’étais animé par cette volonté de venir en aide et de défendre les plus faibles. Néanmoins, la faculté, où j’ai commencé à étudier le droit, n’était pas un univers qui me convenait. Je recherchais à apprendre en « faisant », en agissant, et non en suivant des enseignements de manière passive. C’est dans les années 80, au début des radios libres en France, que j’ai tout abandonné pour me lancer dans la production et la promotion de ce nouveau genre d’émissions. 

Par la suite, cette expérience m’a permis d’intégrer le secteur public et de me spécialiser dans la communication des élus et des collectivités. Puis, j’ai rejoint l’annonceur et donc le secteur privé pendant plus de 20 ans, durant lesquels j’ai eu la chance de suivre un Président dans 5 grands groupes internationaux. Enfin, plus récemment, j’ai quitté le monde de l’annonceur pour créer ma propre agence, Tenkan Paris, dédiée à la communication de crise de personnalités sensibles, à leur image et à leur réputation. En parallèle, j’ai co-fondé l’agence Les Cogiteurs, un collectif de DirCOM au service des DirCOM. 

J-D. N. : Tout comme Frédéric, mon parcours est assez atypique. Ayant toujours eu un attrait pour la politique, j’ai suivi des études de philosophie et suis devenu Docteur en philosophie politique. Cette formation m’a d’abord amené à devenir collaborateur parlementaire, pour finalement rejoindre la sphère privée et le secteur des affaires publiques en entreprise. 

Je n’avais pas d’appétence particulière pour les affaires publiques, c’est en découvrant le métier que je suis devenu passionné par ce domaine. Notre rôle, à la lisière de la sphère publique et de la sphère privée, consiste à accompagner les politiques en agence ou chez l’annonceur. J’ai d’abord connu le métier d’affaires publiques en agence où j’ai fait mon apprentissage de ce métier avant de rejoindre l’annonceur d’abord à l’Union des Transports public et ferroviaires puis au groupe RATP. 

#2 – Pourquoi et pour qui conseilleriez-vous la communication publique / politique ? 

J-D. N. : Les affaires publiques sont partout. Tout organisme (entreprise, association, ONG, collectivité…) a besoin de communication publique à un moment donné, en fonction des évolutions de son environnement : évolution des législations, nouvelles opportunités, nouveaux risques… Les affaires publiques sont capitales car les actes législatifs, administratifs peuvent avoir de grandes conséquences sur le business des entreprises, l’action des ONG, la politique des collectivités territoriales. 

Tout organisme devrait veiller aux affaires publiques, parce que le plus souvent, quand on y pense, c’est déjà trop tard. 

Ce secteur est fait pour toutes les personnes qui ont le sens des relations humaines, qui savent faire preuve de diplomatie, qui justifient d’un excellent relationnel, d’un sens stratégique, de la capacité à créer un réseau et à convaincre son interlocuteur. Il ne faut pas oublier qu’un communicant en affaires publiques est le représentant de son entreprise, la construction de son discours est essentielle. Il lui faut savoir convaincre ses interlocuteurs avec une aisance oratoire et rhétorique sans faille. 

F. F. : La qualité indispensable à tous les communicants, tous secteurs confondus, est le sens politique. On ne peut faire de communication sans faire preuve d’empathie et sans savoir observer et écouter les autres. Il serait vain de venir avec ses propres certitudes sans tenir compte de ses interlocuteurs. De plus, il faut être capable d’évoluer à la fois dans des relations formelles et informelles. 

Concernant la communication politique, si vous défendez des valeurs politiques, que vous êtes militant, ce secteur s’imposera tout naturellement à vous. Certains même, se lancent en communication politique, avant de se lancer plus personnellement dans la politique. D’ailleurs, le politique est le plus souvent un tribun, donc un communicant. 

En revanche, si vous n’êtes pas un militant, vous êtes certainement davantage destiné à la communication publique, celle qui sert la cité au sens large. 

Je pense également que ce choix peut se faire au gré des rencontres et des opportunités. Mais ces deux secteurs ne sont pas hermétiques, il est possible de passer de l’un à l’autre, tout comme j’ai pu le faire. 

#3 – Qu’est-ce qui vous stimule le plus dans votre secteur ? 

F. F. : D’une part, le fait qu’il n’y ait pas deux journées qui se ressemblent. D’ailleurs, même une journée peut ne pas ressembler pas à l’image qu’on s’en était faite. La communication politique c’est de l’imprévu au quotidien, cela fait partie intégrante du métier. Ce côté vivant et animé, qui requiert agilité et créativité, est véritablement passionnant. 

D’autre part, les relations humaines m’animent. En communication, on ne travaille pas seul, mais en équipe. Certes, chacun a des compétences propres, mais celles-ci sont partagées, mises au service de tous. Pour favoriser ces échanges, je travaille avec mes équipes comme dans un service de rédaction, en open space, avec une transmission des informations en permanence. 

J-D. N. : Ce qui me stimule le plus, c’est sans doute de répondre aux besoins de mon entreprise, résoudre ses problèmes d’un point de vue politique. 

En agence, on peut être amené à défendre les intérêts d’une entreprise dont on ne partage pas forcement les valeurs. Tandis que chez l’annonceur, on a la chance de choisir son entreprise, et donc ses valeurs. Et quoi de plus motivant que d’être en accord avec les principes que l’on doit défendre ? 

J’apprécie également beaucoup tout ce qui touche à la stratégie et à la tactique des affaires publiques. Qui contacter ? Comment interpeler les politiques ? De quelle manière construire tel ou tel discours ? Et finalement, comment révéler son entreprise ? En effet, notre métier est un métier de « révélations », puisqu’il apporte aux décideurs information et compréhension.

#4 – Au quotidien, quels sont vos missions et vos défis ? Avez-vous une journée type ? 

J-D. N. : Il n’y a pas de journée type, c’est certain. Toutefois, au quotidien, quelques taches sont récurrentes, comme la veille par exemple. Chaque matin, je commence par surveiller l’information : ce qu’il se passe dans la sphère politique et dans la sphère publique. En fonction des actualités, ma journée peut prendre des tournures tout à fait différentes. De manière générale, mon travail oscille entre le lobbying pur, le travail sur la loi et la constitution d’un réseau pour garantir une meilleure interaction avec la sphère publique, en cas de besoin. 

Je vois les affaires publiques comme une sorte d’encéphalogramme avec des pics d’activité et de calme. 

F. F. : Définitivement, la journée type n’existe pas. La communication n’est pas un métier mais un écosystème de compétences. Lorsqu’on exerce en tant que généraliste dans ce domaine, des choses reviennent tous les jours : exercer des veilles, interagir avec ceux qui vous interpellent, élaborer et mettre en place des campagnes. Il faut également surveiller la presse, ce qui se dit de votre entreprise ou de votre dirigeant, rédiger des communiqués et organiser des conférences de presse, répondre aux journalistes… 

Un jour personne ne vous sollicite et le lendemain, suite à un événement (prévu ou imprévu), vous êtes mobilisé pour répondre à tout un tas de demandes. 

En fait, une journée se construit en fonction des actualités. Aujourd’hui, et de plus en plus, le travail en mode crise se développe. Les « au cas où » réorganisent nos quotidiens. 

#5 – Pouvez-vous nous parler de vos fiertés ? Avez-vous des projets à nous partager ? 

J-D. N. : En débutant dans les affaires publiques, j’avais pour client un groupement spécialisé sans la recherche génétique sur les plantes. En France, de nombreux scientifiques travaillaient sur ces nouvelles technologies, ce qui engendrait une véritable plue value pour le pays. Notre mission consistait donc à interpeler les politiques, afin de les informer de l’avancement de ces recherches et de les convaincre de ne pas les déconsidérer et les interdire au niveau européen. 

F. F. : Ma plus grande fierté en tant que communicant, est d’avoir toujours, toujours tenté de casser les codes, les codes de bonne image et de politiquement correct. Je suis convaincu que notre rôle est de montrer la société telle qu’elle est, et non telle qu’on peut l’idéaliser. 

Depuis plus de 35 ans, je tente de montrer la diversité, l’égalité, le handicap… Il ne faut jamais faire de la communication un sujet prétexte, mais au contraire intégrer tous les sujets dans une communication qui reflète le monde, avec vérité, mettant en scène à la fois ses qualités et ses défauts. 

#6 – Selon vous, de quelle manière évoluera la communication publique / politique dans les années à venir ? 

F. F. : Comme évoqué précédemment, l’évolution certaine des années à venir, est celle de la communication de crise. Aujourd’hui, nous vivons au rythme des notifications smartphone, tout va très vite, les crises aussi. 

La crise a un avantage pour le communicant, elle renforce positivement son image de professionnel. En effet, la communication est un domaine relativement nouveau en entreprise et parfois encore mécompris. Chacun donne son avis sur la COM, mais la COM n’est pas le résultat des goûts personnels de chacun, c’est une véritable expertise, une réflexion. 

Or, face à des situations de crise, on rencontre beaucoup moins de « touristes de la COM » et les avis de chacun se font bien plus rare. 😊 Il est intéressant de remarquer que la considération, l’image et le respect du communicant, passe aussi par le mode crise. 

J-D. N. : En ce qui concerne les affaires publiques, je dirais que la principale évolution, qui a déjà court depuis plusieurs années, est le décloisonnement. Auparavant, ce secteur était totalement autonome et ne nécessitait qu’un bon carnet d’adresses. Aujourd’hui, nous avons besoin de faire appel à d’autres strates, d’autres expertises et d’autres domaines de compétences : la communication, la COM de crise, la COM institutionnelle et même les réseaux sociaux. Le cœur du métier reste de communiquer auprès des sphères et publiques, mais aujourd’hui, celles-ci tiennent compte de l’opinion public. 

C’est pourquoi, la capacité à se construire un réseau est devenue indispensable. Posséder un carnet d’adresses ne suffit plus, dans un monde ou le renouvellement de l’écosystème politique est régulier. Il faut faire preuve de flexibilité, ne plus simplement bâtir un réseau, mais savoir le construire et le reconstruire en permanence. 

#7 – Auriez-vous un dernier conseil à livrer aux futurs communicants ? 

F. F. : La communication est un métier de passion, alors soyez passionné ! Ayez le sentiment de vous lever le matin pour vous faire plaisir. La communication n’est pas un métier facile, mais si vous avez la fibre, vous vous éclaterez. 

Et enfin, quel que soit le domaine de la communication vers lequel vous souhaitez vous orienter, je conseillerais à tous cette lecture enrichissante sur l’histoire du secteur et de nos métiers : « Propaganda », d’Edward Bernays. 

J-D. N. : Dans vos études, privilégiez des formations qui vous mettent en condition en entreprise et multipliez les expériences. La théorie ne fait pas tout. C’est en vous forgeant avec la pratique, que vous deviendrez un expert.

John-David Nahon,

Responsable affaires publiques et parlementaires au sein du Groupe RATP

Frédéric Fougerat,

Président de l’agence Tenkan Paris & Co-fondateur de l’agence Les Cogiteurs

Études de cas de la communication publique et politique

😎 Et pour aller plus loin dans notre tour d’horizon des métiers de la communication politique, des affaires publiques et du lobbying, retour sur quelques campagnes qui ont marqué ces secteurs et ont tout particulièrement plu à la team We Are COM.

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