Patrice Bégay,
Jean-Michel Lhomme,
Fondateur de l’agence de communication 360°, 25 octobre
#Définition
Quelle définition donneriez-vous à la communication de l’événementiel et de l’influence ?
Patrice Begay : La communication c’est avant tout et surtout de l’humain. L’événementiel et l’influence sont des formes de création, qui gravitent invariablement autour d’une colonne vertébrale, celle de l’humain.
Qui dit humain, dit sincérité et authenticité. Aussi, le réseau ne s’achète pas, il se développe. C’est ce qu’on appelle l’innovation durable.
Jean-Michel Lhomme : La communication, c’est beaucoup de créativité et beaucoup de travail. Dans l’événementiel d’autant plus, puisque le moindre détail, aussi infime soit-il, peut impacter le déroulement d’un événement.
C’est un métier passionnant où l’innovation et les points de contacts sont exponentiels. La créativité reste et restera le meilleur moyen de se faire connaître et de se différencier pour gagner en notoriété.
#Réalisations
Pouvez-vous nous présenter vos fiertés : projets et réalisations qui vous ont marqué ?
J-M. L. : Ce qui peut sembler assez paradoxal, c’est que l’un des projets dont je suis le plus fier, est indiscutablement celui qui a le moins bien fonctionné. 😊 Il s’agit d’une campagne réalisée pour promouvoir la pratique solidaire du café suspendu. Nous avions pris le parti de concevoir cette communication en format opensource, afin que chacun puisse s’en saisir et y apporter sa contribution. Même si l’écho ne fut pas celui que nous espérions, je reste fier de cette réalisation.
Plus récemment, et davantage sur le volet événementiel, nous avons accompagné le Relais de la Flamme Olympique à Paris. J’ai rarement terminé un projet en étant aussi fatigué, la pression était rude, mais le plaisir toujours au rendez-vous.
P. B. : Je dirais que la plus grande fierté de ma carrière de communicant concerne l’aspect humain. Il est capital de toujours s’entourer de figures inspirantes, de toujours être dans la transmission. Je me suis toujours appliqué, partout où j’ai eu la chance d’exercer, de permettre aux femmes et aux hommes que j’ai pu rencontrer de réaliser leurs rêves, de réaliser leur vie.
Et si je devais vous parler d’un projet, de manière plus concrète, je choisirais la création de France 24. Ce projet qui a participé au rayonnement de la France, et qui a su implanter son drapeau dans plus de 40 pays en moins de 6 ans.
#Place au débat
Pourquoi avoir choisi ce secteur de la COM de marque ? Parlez-nous de vos motivations et de votre parcours !
P. B. : La flamme qui m’anime c’est une fois de plus l’humanité de nos métiers, la possibilité de réaliser collectivement des projets humains.
Au cours de ma carrière, j’ai eu l’opportunité de prendre part à des aventures humaines, et ce depuis leurs prémices. Je pense notamment aux Restos du Cœur. En 1985, ma rencontre avec Coluche et la mise en place de ce projet solidaire ont marqué ma vie. Je pense également à la création et au lancement de la chaine Eurosport, aujourd’hui devenue internationale, à l’accompagnement de France Télécom dans ses premiers pas vers Internet ou encore à France 24.
Plus tard, chez BPI France, j’ai eu la chance d’accompagner des entrepreneurs dans l’accomplissement de leurs rêves. Finalement, au-delà de tout, la communication, c’est créer des accélérateurs et des communautés.
Notre métier est véritablement passionnant, c’est celui de l’innovation permanente et de l’innovation humaine. La communication est le plus grand enjeu de l’entreprise, celui de l’investissement et de la création de valeur.
J-M. L. : Effectivement, la clé de tout c’est l’humain. En communication, les aventures sont fondamentalement collectives. Et si je n’ai pas de difficulté à ma lever le matin, c’est bien parce que ce métier est un métier de passion.
Notre rôle fondamental consiste à permettre à des humains de communiquer entre eux, pour construire ensemble une incarnation de marque. Autrement dit, la marque elle-même s’humanise au contact des communicants. Je suis convaincu que le fond, celui de la réflexion collective est au moins tout aussi important que la forme, même si beaucoup ne voient dans notre profession que le rendu final.
Quelles sont vos missions et vos défis au quotidien ? Avez-vous une journée type ?
J-M. L. : Mes missions sont nombreuses et variées. La véritable question serait plutôt de savoir combien d’entre elles suis-je parvenu à en accomplir à la fin de la journée. 😊 En général ? Pas toutes !
La première chose à faire, dans le secteur de la communication, c’est de comprendre. Comprendre le monde et ses mutations en lisant la presse, en écoutant la radio… en s’intéressant à tout. Pour anticiper les tendances de demain, il est essentiel de cultiver sa curiosité, ce qui parfois nous pousse à nous pencher sur des choses nouvelles, auxquelles on n’aurait jamais cru s’intéresser un jour. Avant d’être en prise avec les sociétés, le communicant est en prise avec LA société.
En parallèle, nos fonctions sont aussi celles d’un entrepreneur. Nous avons à gérer et développer des projets, avec nos clients, nos partenaires, nos collaborateurs et nos investisseurs. Ma conviction ? Notre métier ce n’est pas tant apporter les bonnes réponses que de poser les bonnes questions.
Selon vous, quel sera l’avenir de la communication ? A quelles grandes évolutions le métier sera confronté ?
P. B. : Je suis convaincu que l’avenir de la communication sera plus immersif, plus interactif et plus personnalisé. Nos modes de consommation de l’information ont changé. Il y a encore quelques années, tous les foyers se réunissaient autour du journal télévisé de 20 heures, tandis qu’aujourd’hui, les informations se piochent un peu partout. Les nouvelles générations les consomment de manière plus personnelle et plus ciblée.
En ce sens, il me semble que les intelligences artificielles génératives vont apporter beaucoup à l’avenir de nos métiers. Certes, de nombreux postes vont disparaitre. Toutefois, de nombreux autres vont émerger, avec de nouvelles missions de confiance. Et la confiance n’est-elle pas le carburant de la croissance ?
#Cultissime
Avez-vous des recommandations en matière de culture : publicités mythiques, littérature, cinéma… ?
P. B. : Mon coup de cœur de la communication, c’est tout simplement la vie. La vie faite de valeurs, de proximité, d’optimisme, de simplicité et de volonté.
Si je devais illustrer mes propos par une campagne, ce serait l’incroyable chanson de Coluche, qui a accompagné le lancement de son association, Les Restos du Cœur.
J-M. L. : Deux campagnes de communication m’ont particulièrement marqué ces dernières années.
D’une part, c’est Audi qui a retenu mon attention avec son spot publicitaire « The Keys ». C’est dans les années 90 que la marque allemande a mis au point cette campagne d’une justesse stratégique assez incroyable. C’est certainement la publicité la moins chère jamais produite dans l’univers automobile, et pourtant, certainement l’une des plus efficaces.
D’autre part, vous rappelez-vous des spots télévisés écrits par Alain Chabat pour Orangina ? Cette série de publicités « complètement barrées », nous rappelle que la créativité est sans limite et que le champs des possibles reste toujours à explorer.
