Les mini-salons des métiers de la Communication We Are COM X ISCOM, vous présentent le quotidien des communicants. Cette fois-ci, explorons les univers des relations presse et de l’événementiel. 🤓 Épisode #19, c’est parti !
Paroles d’experts
Bonjour à tous les deux, quel est votre job actuel ?
Perrine Landry : Ancienne étudiante de l’ISCOM, je travaille au sein du service de presse du groupe La Poste. Ce mini-salon est donc une séquence nostalgie pour moi. 😊 Diplôme en poche, j’ai eu l’occasion de travailler au sein d’agences de publicité, notamment Publicis. Aujourd’hui, j’ai rejoint l’annonceur.
Brice Giacone : Je suis Directeur des projets chez GameWard, un club professionnel spécialisé dans l’esport, c’est-à-dire sur les compétitions de jeux vidéo.
#1 – Pourquoi avez-vous choisi le domaine des relations presse et de l’événementiel ? Quel a été votre parcours ?
P. L. : Je dirais que ce sont les relations presse qui m’ont choisie, plutôt que l’inverse. 😊 Après avoir intégré le groupe La Poste et occupé différentes fonctions dans la communication et le marketing, on m’a finalement proposé de rejoindre le service de presse. Au début, cela m’a fait un peu peur, car travailler avec des journalistes est assez particulier. Mais je me suis lancée, et je ne regrette absolument pas.
Quant à mon parcours, il a commencé à l’ISCOM, une école qui forme dans le concret. Loin des enseignements purement théoriques, les cours sont très interactifs et permettent une véritable immersion dans le monde de la communication.
B. G. : Il y a 10 ans, j’ai choisi le secteur de l’événementiel pour une simple raison. Véritablement passionné par le sport, je souhaitais intégrer ce milieu qui m’anime et me fait vibrer, ce que je fis après un cursus universitaire assez classique. Dans un parcours, ce sont à mon sens les expériences qui sont formatrices : stages, alternances et même projets en marge de votre formation. C’est l’investissement et l’énergie dont vous faites preuve, qui vous permettront de vous démarquer habilement.
J’ai donc travaillé plusieurs années dans le monde du cyclisme, de la course à pied et des ultra trails. Durant la crise sanitaire, j’ai connu une longue période de chômage. Et j’ai eu une opportunité dans l’esport, un domaine très semblable à celui du sport, tant dans sa structure que dans son fonctionnement.
Ayant bifurqué vers l’esport, mon travail n’est pas purement opérationnel aujourd’hui. Toutefois l’événementiel reste au cœur de toutes les activations que j’encadre.
#2 – Quelle est votre propre définition l’événementiel et des relations presse ?
B. G. : Cette question n’est pas évidente. L’événementiel c’est de la production de contenu, notre mission est de créer un événement pour insuffler un message. En effet, derrière chaque événement se cache une volonté de communiquer. En d’autres termes, il nous faut mettre au point des moments mémorables, bénéfiques à la fois pour ceux qui le vivent et pour ceux qui le produisent.
P. L. : Les relations presse sont l’interface qu’il existe entre une entreprise et les médias. Travailler dans les RP, c’est avoir deux principales missions : il faut valoriser l’entreprise et en défendre l’ image. L’attaché de presse doit être à la fois proactif et réactif. D’une part, il propose des contenus aux journalistes, des actualités et des informations relatives à la vie de l’entreprise. D’autre part, il répond aux sollicitations de la presse, lorsque celle-ci souhaite produire un article, un reportage ou toute autre forme de contenu médiatique.
#3 – Pourquoi et pour qui conseilleriez-vous les RP et de l’événementiel ? Qu’est-ce qui vous stimule le plus ?
P. L. : Ce qui est absolument certain, c’est que les relations presse ne sont pas faites pour les personnes timides, discrètes et routinières ! Plus largement, ce secteur ne correspond pas à ceux qui aiment la régularité. Pour s’épanouir dans les relations presse, il faut aimer parler, écrire et savoir argumenter. Le relationnel est essentiel, l’attaché de presse doit être un véritable couteau suisse, être à l’aise aussi bien avec des dirigeants d’entreprise, des journalistes et différents experts techniques ou des opérationnels. Bref, puisque nous travaillons au gré de l’actualité, il faut aimer l‘action et faire preuve avant tout d’adaptation.
Il est important de souligner que dans notre métier, il existe un drôle de paradoxe. D’un côté, l’attaché de presse est un professionnel de la communication assez exposé, puisqu’il engage l’image de l’entreprise lorsqu’il parle à la presse ou prépare un porte-parole. D’un autre côté, nous sommes des communicants de l’ombre, loin de la lumière. Si un article ou un reportage est une réussite, cela valorise l’entreprise et son porte-parole. En revanche, si le rendu nuit à l’image de l’entreprise, c’est l’attaché de presse qui trinque.
De manière générale, notre métier est passionnant. Au quotidien, je suis ultra stimulée par le changement. On ne sait jamais de quoi une journée sera faite. Les missions, les sujets et les rencontres varient sans cesse et nous confrontent chaque jour à des challenges différents. Les relations presse, c’est également beaucoup de travail en équipe. Et quelle joie de relever des défis à plusieurs !
B. G. : Je suis tout à fait d’accord avec Perrine. Tout comme en relations presse, un communicant spécialisé dans l’événementiel doit impérativement aimer le mouvement et la diversité, car le changement est permanent. Il faut s’adapter à des projets fondamentalement différents, savoir argumenter en faveur d’une idée farfelue, mais aussi savoir réaliser des choses plus classiques.
Dans l’événementiel, les projets se mènent à plusieurs, en équipe certes, mais aussi en s’entourant de différents corps de métiers : des créatifs, des techniciens, des équipes de production, des grosses entreprises… Aussi l’aspect humain est primordial, il faut faire preuve d’intelligence sociale. Notre discours doit s’adapter et se réajuster en permanence, en fonction des problématiques et des destinataires.
En termes de compétences, je dirais qu’il faut être organisé, cohérent et réfléchi. Dans l’événementiel, les contre-temps sont monnaie courante, il faut savoir y faire face rapidement et en qualité de stratège. Derrière chaque action événementielle, il y a l’envers du décor, fait de complications, de tracas, de retards…
Évidemment, dans ce secteur nous passons par des phases de fatigue, mais la véritable stimulation est de voir un projet se concrétiser. Dans l’événementiel, le travail accompli procure des sensations incomparables.
#4 – Au quotidien, quels sont vos missions et vos défis ? Avez-vous une journée type ?
B. G. : La journée type n’existe pas dans l’événementiel et encore moins dans le secteur de l’esport. Au quotidien, je fais majoritairement du management d’équipe et de la planification des activations partenaires du Club. Même si les missions peuvent sembler récurrentes, la manière dont elles se calibrent dans mon emploi du temps est complètement modifiable. Globalement, lorsque des annonceurs investissent chez GameWard, il y a de nombreuses activations en contrepartie. Chaque projet doit être mené à bien, de manière qualitative, dans le temps imparti et en répondant à des problématiques qui lui sont propres. Enfin, pour accroitre la visibilité de cette activation, il nous faut prendre en considération le maximum de demandes médiatiques.
P. L. : Travailler en relations presse, c’est par définition travailler avec l’actualité. C’est pourquoi, il ne peut y avoir de journée type. Le groupe La Poste comptant plus de 250.000 collaborateurs et de multiples secteurs d’activité, le service de presse est dépendant de ce qu’il se passe chaque jour dans le pays et même dans le monde. En effet, outre la distribution du courrier et des colis, La Poste propose également des services bancaires, numériques ou encore des services dans le secteur de la santé. Chaque domaine d’expertise génère des demandes journalistiques, auxquelles il faut répondre.
En général, une journée commence par faire de la veille. Le matin, nous lisons la presse, écoutons la radio, consultons les réseaux sociaux… Nous devons recenser toutes les mentions médiatiques relatives à nos secteurs d’activité et à notre groupe. Par la suite, notre emploi du temps s’organise en fonction de cette actualité décortiquée : rédaction de communiqués de presse, organisation de conférences de presse pour faire passer tel ou tel message aux différents médias…
À titre d’exemple, dans une même journée, je peux accueillir une équipe de TF1, qui réalise un reportage sur les usines de tri des colis, répondre au Parisien sur une question de boite aux lettres, envoyer des visuels de timbres pour un magazine féminin, préparer un porte-parole avant son intervention sur BFM Business et même répondre à Astrapi, qui souhaite expliquer aux plus jeunes le parcours d’acheminement d’une lettre. Donc, pas de journée type, une grande variété de sujets et d’interlocuteurs.
#5 – Pouvez-vous nous parler de vos fiertés ? Avez-vous de projets à nous partager ?
P. L. : Avez-vous déjà entendu parler du secrétariat du Père-Noël ? Depuis 60 ans, ce service gratuit de La Poste collecte les lettres que les enfants du monde entier adressent au Père-Noël et y répond. Chaque année, cette opération donne lieu à de très nombreuses actions de presse, gérées avec mes collègues. Si je suis particulièrement fière de ce service, c’est parce qu’il fait revivre l’imaginaire du rêve et de l’enfance en chacun, tout en promouvant la proximité et l’écrit.
Il faut savoir que le secrétariat du Père-Noël, c’est plus d’un million de lettres qui arrivent chaque année. Cette logistique incroyable jouit de nombreuses retombées médiatiques. En 2023, c’est plus de 300 articles et reportages qui sont parus sur le sujet.
Quant au projet, nous avons actuellement un défi très stimulant à relever. La Poste est un groupe présent dans plus de 60 pays, dont presque la moitié des activités sont réalisées à l’étranger. Il est donc capital de développer et d’accélérer nos actions de relations presse à l’échelle internationale. Pour y parvenir, nous devons nous adapter aux différents codes journalistiques, aux cultures ainsi qu’aux coutumes d’autres pays. En effet, on ne travaille pas de la même manière avec un journaliste japonais qu’avec un journaliste italien, par exemple. Cet exercice de réflexion et d’acclimatation s’annonce passionnant.
B. G. : Pour ma part, je participais il y a quelques années à l’organisation des ultra trails dont le Marathon des sables, qui se déroule dans le désert marocain. L’idée était de transposer cette course dans différents déserts du monde, notamment le désert péruvien d’Ica. Cette opération de grande ampleur n’était pas évidente à élaborer, non seulement Ica est la plupart du temps fermé au public, mais il nous fallait également monter cet événement de A à Z en 1 an seulement : activation médiatique, soins médicaux, nourriture, gestion des eaux, couverture satellite… Après avoir rencontré toutes les complications possibles et imaginables, le projet a vu le jour. Nous avons finalement réussi à relever le défini en réunissant plus de 300 coureurs !
En ce qui concerne le projet, GameWard a mis au point une activation exceptionnelle pour le Crédit Agricole d’Ile-de-France. La banque souhaitait promouvoir son offre Globe Trotter, une offre qui propose aux jeunes de nombreux avantages liés aux possibles découverts, transactions à l’étranger ou encore au financement du permis de conduire. Et comment interpeler ce jeune public ? En reprenant ses codes, notamment sur les réseaux sociaux ! C’est pourquoi, nous avons convié un streamer et un joueur pro de GameWard à passer quelques jours en République Tchèque. Ces derniers mettaient en avant les avantages de l’offre Globe Trotter, de manière concrète, dans un pays qui n’a pas l’euro comme monnaie. Retraits, dépenses, activités, rencontres avec des clubs esport sur place… tout était relayé à travers des lives et des aftermovies sur les réseaux sociaux.
C’est donc en faisant écho à la jeune génération, avec des personnalités marquantes, que l’opération Let’s go to Prague est parvenue à événementialiser et illustrer l’offre du Crédit Agricole d’Ile-de-France.
#6 – Selon vous, de quelle manière la communication évoluera-t-elle dans les années à venir ?
B. G. : Il y a quelques années, le web 1.0 faisait sa grande apparition. À l’époque, les sites internet constituaient de simples vitrines pour les marques, ils partageaient des informations. Depuis les années 2005, le web 2.0 a révolutionné internet avec l’arrivée des plateformes de partage et des réseaux sociaux. Désormais, nous entrons dans l’ère du web 3.0. Nous sommes à l’aube d’une toute nouvelle manière de communiquer, avec ces notions de décentralisation et d’implication des communautés. Selon moi, le web 3.0, qui n’en est qu’à ses prémisses, va bouleverser nos façons de communiquer dans les années à venir.
P. L. : La certitude est que la communication existera toujours, nous en avons et nous en aurons besoin. Toutefois, les métiers du secteur vont évoluer, comme cela a été le cas ces dernières années. Les relations presse d’hier, par exemple, ne sont plus celles d’aujourd’hui. À l’avenir, je dirais qu’il y aura davantage de social média et surtout plus de passerelles entre les équipes social média et les équipes relations presse. Ce qui est d’ailleurs déjà le cas au sein du Groupe La Poste, puisque le service de presse partage ses bureaux avec les équipes en charge des réseaux sociaux. Cette fusion est garante de la cohérence de l’ensemble de nos communications.
J’ajouterais que, de plus en plus, la communication devra être porteuse de sens. On ne fait pas de la communication simplement pour faire connaitre une marque ou un produit, on fait de la communication pour porter les valeurs d’une entreprise. Dans un environnement climatique, économique et géopolitique plutôt anxiogène, la communication sera indispensable et les compétences en communication de crise seront recherchées.
#7 – Auriez-vous un dernier conseil à livrer aux futurs communicants ?
P. L. : En un mot, osez ! Si vous avez envie de faire de la COM, lancez-vous. Vous découvrirez un monde très riche et une multitude de métiers. La communication est stimulante et variée, il y en a pour tous les goûts.
Je conseillerais également de commencer par une expérience en agence, c’est ultra formateur. Cela vous permettra de travailler sur différents projets, avec des annonceurs appartenant à plusieurs secteurs d’activité. D’ailleurs, les communicants étant passés par l’agence ont des profils qui séduisent souvent davantage les annonceurs.
B. G. : J’ai toujours entendu dire que la COM, le journalisme ou encore l’événementiel étaient des secteurs bouchés. Ce qui, je vous l’accorde, n’est pas très engageant. 😊 Mais quand on veut, on peut, il ne faut rien lâcher. Restez motivés, intéressez-vous à toutes sortes de choses, gardez un regard ouvert sur le monde et un esprit curieux. Démarquez-vous !
Perrine Landry,
Responsable de pôle médias, service de presse du Groupe La Poste
Brice Giacone,
Directeur de projets chez GameWard
Études de cas
Et pour aller plus loin dans notre tour d’horizon des métiers des relations presse et de l’événementiel, retour sur quelques communications qui ont marqué la team We Are COM. 🙌