« On ne peut plus se priver du digital »

Zoom, Teams, Google meet… Le digital est omniprésent. Vous aussi vous saturez des visioconférences ? 😰 Il est vrai que ces outils nous ont été véritablement utiles au cours de ces derniers mois, pour le moins particuliers. Or ne serait-il pas temps désormais de repenser les événements virtuels ?

Vincent Bruneau

Et si, rendez-vous digital n’était pas invariablement synonyme d’impersonnalité. La solution à l’interrogation “physique ou numérique” s’avère bien plus ambivalente que nous l’imaginons. La team We Are COM décrypte pour vous le néo-événementiel. Vincent Bruneau, fondateur & CEO de Sparkup, plateforme spécialisée dans l’engagement des participants en réunions et événements, présentiel et virtuel, nous éclaire. 💡 Lumière sur l’événement phygital ! 

🤓 Bonjour Vincent, en temps que CEO de Sparkup, pourriez-vous nous livrer votre définition de l’engagement ?

L’engagement ne constitue pas une notion définissable, à proprement parler. Il dépend de nombreux facteurs et nécessite de véritables questionnements cognitifs, émotionnels, afin que son action ait un effet dans le temps. 

D’une part, l’organisateur à l’origine de l’événement doit établir sa stratégie d’engagement. Il lui faut avant tout être conscient du style d’expérience qu’il veut mettre au point. Il est impératif pour lui, de s’interroger sur l’émotion qu’il souhaite susciter lors de l’événement en question. Enfin, il est nécessaire que l’intérêt éveillé se concrétise sur le long terme, autrement dit que l’engagement soit mémoriel et engendre des retombées.  

D’autre part, cette réflexion tripartite s’applique aux participants. Sont-ils impliqués à l’instant T ? Quelles émotions peuvent découler de cela ? Et finalement, une réaction sera-telle générée à posteriori ? 

Il existe selon moi, quatre catégories de spectateurs :

  • > Le spectateur passif, qui peut décrocher et se retirer de l’événement à tout moment
  • > Le spectateur impliqué, qui, comme son nom l’indique, fera preuve d’implication. Il donne son avis, réagit, vote, pose des questions … 
  • > Le spectateur acteur, qui crée une plus value de contenu
  • > Le spectateur acteur « bilan », qui tire parti de l’expérience et met son apprentissage en pratique

Notre nom n’a pas été choisi au hasard. En effet, « spark » signifie « étincelle », et c’est précisément cette étincelle que nous souhaitons apporter à aux événements, afin d’optimiser les taux d’engagement. 

Il était capital de proposer une expérience centrée sur l’humain et l’interactivité

🤖 Vous avez récemment lancé l’offre « Sparkup Now! » pour répondre à la demande croissante d’événements « hybrides ». Pouvez-vous nous en dire plus sur les dessous de cette expérience immersive ? 

Ces derniers mois, nous avons tous assisté à d’interminables réunions en ligne, à des webinars ennuyeux et à des événements virtuels descendants qui engendrent fatigue et décrochage. Avec Diffusis, nous avons réalisé une étude sur un millier de personnes afin de connaître les différents ressentis face aux réunions et événements virtuels. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : 55% des sondés estiment ne pas se sentir écoutés et 75% affirment ne pas être, ou très difficilement, impliqués lors de ces rencontres virtuelles. 

C’est donc tout naturellement que nous avons imaginé l’offre « Sparkup Now ! ». Il était capital de proposer une expérience centrée sur l’humain et l’interactivité, qui puisse répondre aux problématiques en mouvement. Avec « Sparkup Now ! » notre ambition consiste à combattre l’inattention et à maintenir l’implication. Nous permettons à tous les participants à distance de vivre l’événement comme s’ils étaient au premier rang. Notre solution utilise les écrans du studio ou du plateau pour diffuser une mosaïque vidéo de chacun des participants et les rendre tous visibles, comme s’ils étaient présents. C’est une façon unique de les valoriser et de renforcer le sentiment d’appartenance à l’événement.

Par ailleurs 65% à 70% de notre langage est non-verbal, c’est pourquoi il est essentiel de rendre visibles les participants à distance. L’émotion est contagieuse, le canal visuel est donc un fondamental des événements virtuels. Il est capital que les spectateurs se sentent faire réellement partie de l’événement. C’est pourquoi « Sparkup Now ! » apporte aussi une couche d’interactivité, permettant au public de partager ses émotions en temps réel : voter, poser des questions et participer à des quiz ludiques. Saviez-vous que la gamification génère de la dopamine ainsi que de l’endorphine, les hormones du bonheur ? 

Pour parvenir à optimiser l’attention du public, il est aussi important de se fixer un objectif « zéro latence ». L’instantanéité est une condition majeure à l’interactivité. Ce n’est en effet pas envisageable d’attendre ne serait-ce que quelques secondes le résultat d’un vote, ou encore une vague d’applaudissements. Pour cela, nous avons créé et perfectionné notre propre système de diffusion, avec latence ultra-faible. 

Enfin, et c’est en cela que j’aime penser que notre offre est unique, nous avons travaillé sur une intelligence artificielle capable de rendre compte de l’engagement des participants. Quels ont-été les pics émotionnels ? Comment le taux d’engagement a-t-il évolué au cours de l’événement ? Ce feedback anonyme permet à nos utilisateurs de mieux comprendre leurs participants et l’impact de leurs contenus.

L’émotion est contagieuse, le canal visuel est donc un fondamental des événements virtuels. 

 👊 Quels ont été les défis que vous avez dû relever dans l’élaboration de ce dispositif digital interactif ? 

Je dirais que nous avons du faire face à trois principaux défis. Tout d’abord, il existe une difficulté au niveau du client. Récemment, nous avons signé un contrat avec une entreprise qui souhaitait organiser une rencontre comptant 50 000 participants. Avec le bouche-à-oreille, de tierces personnes ont également souhaité participer à l’expérience, faisant rapidement monter le nombre à 80 000. Or, il est capital que la question de la connexion sur le flux soit impérativement résolue en amont du jour J. 

Le second enjeu résidait dans la volonté de rendre notre mosaïque intelligente. Il est important que les participants qui ne souhaitent pas activer leur webcam ne deviennent pas des vignettes noires sur l’écran. Pour cela, une remise à jour automatique des connexions s’opère très régulièrement pour laisser place aux participants visibles. 

Enfin, il a fallu faire face à de nouveaux défis en terme de réalisation. Nous avons collaboré avec de véritables réalisateurs pour acquérir une nouvelle dynamique, découvrir une nouvelle manière de produire, filmer. Il est toujours intéressant d’observer avec quelle maîtrise la technologie sait s’adapter au savoir-faire humain.

👀 Avez-vous un exemple concret de mise en application de votre solution ? 

Le plus souvent « Sparkup Now ! » a été utilisé lors de conventions, événements clients, événements internes… Des rendez-vous qui réunissaient en moyenne plusieurs centaines de participants en présentiel, et qui avec le virtuel, ont pu augmenter la jauge de participant jusqu’à plusieurs milliers dans certains cas.

Un exemple concret d’utilisation de « Sparkup Now ! » a été un événement interne organisé par un de nos clients dans le secteur des cosmétiques. Cet événement, qui rassemblait habituellement une centaine de collaborateurs en présentiel, s’est transformé en une rencontre virtuelle réunissant les 1900 collaborateurs de l’entreprise, répartis dans le monde entier. Le défi a été de conserver un sentiment de cohésion, spontanéité et d’interactivité. Grâce à « Sparkup Now ! », le CEO a pu voir et parler à l’intégralité de ses collaborateurs. Les participants ont également pu interagir, le tout étant extrêmement fluide grâce notre streaming ultra-faible latence. Au total, nous avons récolté plus de 450 000 réactions live sur un événement de 2 heures. Un record d’engagement et de partage d’émotions ! 

Grand écran circulaire Sparkup Now

Nous assistons aussi à une demande croissante pour de plus petits événementsde 50 à 100 personnes. « Sparkup Now ! » a l’avantage de pouvoir s’adapter à tous les formats. Les clients peuvent diffuser une mosaïque sur n’importe quel écran.

🤔 Nous le savons, le numérique peut parfois nous réserver de mauvaises surprises, notamment en direct. De quelle manière restreindre au maximum le risque d’imprévus ? Avez-vous des best-practices à nous partager ?

Les problèmes techniques sont plus rares qu’il n’y paraît du côté de l’événementiel digital. Comme pour tout événement, il faut répéter et répéter toujours. Le risque ne peut être totalement éradiqué, cependant il peut être grandement diminué avec de l’entrainement et de l’expertise. Il faut envisager chaque scénario afin d’être en mesure de le prévenir. Former le speaker aux différents aléas peut s’avérer très utile. Nous aimons compter 3 à 4 semaines de préparation avant le grand final. 

En ce qui concerne les problèmes techniques du côté participants, c’est une autre affaire. Le risque le plus répandu reste la mauvaise connexion internet d’un ou de plusieurs spectateurs. La seule solution est de prévenir ces derniers a priori en leur adressant des recommandations précises. Il n’y a pas véritablement de bonnes pratiques. Il faut faire simple avant tout. Notre plateforme a été étudiée pour être extrêmement intuitive : il suffit de cliquer sur un lien depuis un simple navigateur sur mobile ou ordinateur pour participer à l’événement. Pas d’installation requise, pas de compte à créer.

👨‍💻 D’après vous, événementiel et digital sont-ils devenus indissociables ? Comment humaniser la relation virtuelle ? 

Je dirais que oui. Nous assisterons à un accroissement du format hybride pour les événements de taille moyenne, dont certains participants ne peuvent se déplacer. Quant aux événements importants ou annuels, ils nécessiteront la mise au point d’expériences toujours plus interactives et plus uniques. 

L’humain ne sera jamais très loin de tout cela, le digital tend à reprendre les codes de l’intelligence émotionnelle. Il est capital, et surtout dans l’ère du numérique, de donner aux spectateurs le sentiment d’être de véritables acteurs, présents, écoutés et entendus. « Sparkup Now ! » a la volonté de gommer la distance, afin que chaque participant se sente au plus proche de ses pairs. 

Humaniser l’événement virtuel est un vaste défi. Pour le relever, nous avons fait appel à des sémiologues et des sociologues. Nous travaillons notamment en étroite collaboration avec la sémiologue Élodie Mielczareck pour repenser les langages, verbal et non verbal. Il est primordial de porter une réflexion approfondie sur ce qui est codifiable ou ce qui ne l’est pas. Personnellement, je trouve toujours impressionnant d’assister à une œuvre d’intelligence collective, où les différents acteurs s’enrichissent les uns les autres.

L’humain ne sera jamais très loin de tout cela, le digital tend à reprendre les codes de l’intelligence émotionnelle.

🔮 Quelles sont, selon vous, les autres grandes évolutions en matière d’événementiel digital ? Quels seront les enjeux à venir ?

Le changement fondamental du secteur résidera dans la mise en place de stratégies micro-événementielles. Autrement dit, il sera essentiel de rassembler et fédérer des communautés sur le moyen et le long terme. Les plateformes l’ont compris : il n’est désormais plus envisageable de se limiter à un ou deux gros événements par an. La cohésion et l’engagement des audiences ne peuvent se faire que par une organisation régulière de micro-événements et une diffusion rythmée de contenus attrayants. Le flux de l’information doit devenir continu !

Le participant ne doit pas ressentir l’obligation de rendre des comptes, il faut que sa présence découle de sa propre volonté. Susciter un intérêt fort afin d’inciter à la participation, constitue la condition sine qua non à l’engagement inné et léger. Rappelons-nous toujours que l’engagement est invisible !

L’autre grande évolution de l’événementiel réside dans l’élaboration des contenus. Auparavant, le monde de la communication et celui de l’audiovisuel se côtoyaient, désormais il leur faut plus que jamais collaborer.

Le changement fondamental du secteur résidera dans la mise en place de stratégies micro-événementielles.

Merci pour cet échange Vincent. Pour finir, auriez-vous un conseil à adresser aux communicants ? 

Le meilleur conseil que je puisse donner est de suivre une démarche simple. Un événement est ponctuel. C’est le résultat de la mise en place d’un scenario spécifique, dans un laps de temps donné. Le contenu descendant est l’ennemi du communicant. Le véritable enjeu consiste à engager sur un contenu ciblé et pertinent. Il faut savoir faire preuve de toujours plus d’humain et de toujours plus de créativité pour dynamiser les prises de paroles et de générer l’interaction souhaitée. 

3 choses à savoir sur Vincent Bruneau

  • > Son média favoris ? Très intéressé par l’univers des startups et de la french tech, Vincent apprécie Clubhouse et Madyness.
  • > Sa publicité préférée ? La campagne « Did you mean Mailchimp ? » par Mailchimp qui a joué sur le fait que les gens n’arrivaient basiquement pas à écrire leur nom correctement. Mailchimp a été décliné en MailShrimp, JailBlimp, Nailchamp, etc. Cette stratégie amusante ciblait différents secteurs comme la musique, cosmétique, food… Une campagne originale, avec un message simple, a été récompensée par un Lion d’Or à Cannes.
  • > Sa passion ? Vincent fut magicien et mentaliste avant de fonder Sparkup.
https://youtu.be/W_K5aWQKIq0
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