Les mini-salons des métiers de la Communication We Are COM X ISCOM, vous présentent le parcours et le quotidien des communicants. Cet épisode #6, vous dira tout des métiers de la communication évènementielle. 🎉 C’est parti !
D’ailleurs… la COM évènementielle, en quoi ça consiste?
Ce n’est pas l’évènement qui est important, c’est la façon dont nous le recréons… chacun à notre façon.
Jean-Luc Godard
Les objectifs de l’événementiel demeurent identiques à ceux de tous les secteurs de la communication : faire connaître sa marque et la rendre attirante, afin de pousser le client à passer à l’acte, autrement dit à acheter.
Et quoi de mieux que l’organisation d’évènements attrayants, pour développer la notoriété d’une marque, ou accompagner un lancement produit ? L’évènementiel est un milieu stimulant et créatif, qui offre à ses publics une expérience unique, afin de générer une émotion, de laquelle émanera un lien affinitaire hors pair. 😉
Avec la transformation numérique et l’avènement des réseaux sociaux, les métiers de la stratégie évènementielle se multiplient. L’essentiel pour évoluer dans ce secteur est avant tout le relationnel. Toutefois, n’oublions pas qu’il est également nécessaire de faire preuve de rigueur et d’organisation, tout en restant créatif.
Et plus concrètement, ca donne quoi ?
La communication évènementielle touche à la fois au B2C et au B2B. 🤓 Petit rappel : ces deux domaines s’opposent et se complètent. Dans le premier cas, une entreprise s’adresse à un client grand public. Tandis que dans le second, la cible finale est une autre entreprise.
Dans le B2C, le communicant spécialisé dans l’évènementiel organise des foires, des salons, des rencontres sportives ou encore des festivals. Quant au communicant du secteur B2B, son quotidien sera davantage porté sur la mise en place de lancements produits, de conférences de presse, de journées d’études, de teams building, de séminaires internes ou encore de conventions.
Les clés de la réussite ?
Nos activités professionnelles seront davantage enrichies par le digital, et seront aussi plus complexes.
Fréderic Bedin, Président du directoire de Hopscotch Groupe.
En évènementiel, le bon partenariat est celui qui permet aux deux marques de se reconnaître l’une dans l’autre.
Xavier Rivoire, DirCOM de Décathlon United.
Alors, quels sont les jobs du secteur ?
Les principaux jobs chez l’annonceur :
👊 Le chef de projet event est le professionnel spécialisé dans l’organisation. Il gère le projet de sa conception à sa finalisation : il veille au bon déroulement opérationnel, négocie les budgets et enfin assure le timing. Outre sa rigueur, ce communicant doit faire preuve de disponibilité et de résistance au stress.
🚩 Chez l’annonceur, vous retrouverez le responsable sponsoring. Ce dernier a pour missions de définir les partenariats stratégiques, de sélectionner et de négocier les meilleures offres. Un bon relationnel et beaucoup de proactivité lui sont indispensables.
L’éventail de métier est large . Peuvent se combiner à ces professions : un storyteller, un responsable marketing ou encore une chef de projet COM digitale.
Les principaux jobs en agence :
🛠 En agence nous trouvons un logisticien, tout comme le chef de projet event, il est en charge de l’organisation. Il analyse les besoins, coordonne les parties prenantes et veille au respect du budget et du timing. Le logisticien doit être rigoureux et charismatique.
🎩 Le plus souvent, une agence emploie également un Directeur de production. Véritable chef d’orchestre, il incarne le lien entre les différents services de la communication, mais aussi le lien entre le client et les équipes techniques. Il est le garant de la qualité et de la rentabilité du projet. En plus d’un bon relationnel, une culture du digital et de l’audiovisuel, seront pour lui des atouts à ne pas négliger.
Mais ce n’est pas tout, Directeur artistique, décorateur et monteur audiovisuel sont aussi des professions de la communication évènementielle, en agence.
La communication évènementielle en quelques chiffres (avant la crise Covid) ?
- 5 milliards d’euros de retombées économiques par an, pour la région Île-de-France.
- 115,9 milliards d’euros de dépenses directes par an, en France.
- 1,3 million d’emplois en France.
- 1000 évènements organisés chaque jour en France.
📢 Paroles d’experts
Du côté agence, nous recevons Pierre Suc, Fondateur de l’agence Plug and Play et Directeur du développement chez Ge Communication. Tandis que du côté annonceur, nous recevons David Abeille, Directeur du management évènementiel, sponsoring et studio chez Amundi.
👋 Bonjour à vous deux ! Quel est votre job à chacun ?
Pierre Suc : Je suis spécialiste de la COM opérationnelle interne et évènementielle en B2B. Plus concrètement, je délivre aux clients des conseils en stratégie de communication, afin de les accompagner au mieux dans l’organisation de leurs évènements : conventions, séminaires, colloques, forums…une fois la stratégie validée, nous en concevons les outils nécessaires à son déploiement.
David Abeille : Le groupe Amundi fédère ses clients autour d’évènements majeurs, corporates et sportifs. Je gère l’équipe communication évènementielle ainsi que l’équipe sponsoring, depuis maintenant 9 ans. Nous fonctionnons comme une petite agence intégrée. Notre quotidien c’est avant tout la stratégie évènementielle et les actions sponsoring (notamment les partenariats lors d’évènements sportifs). Depuis 2020, nous avons notre propre studio graphique et vidéo, il fut fort utile avec la crise sanitaire récente.
⚽️ Pourquoi et quand avez-vous décidé de vous orienter vers la communication évènementielle ?
P. S. : J’adore mon métier, mais il se trouve que je l’exerce tout à fait par hasard. Plus jeune, je faisais beaucoup de sport. Après des études en génétique, j’ai finalement préféré devenir professeur de tennis. Si aujourd’hui je suis dans la COM, c’est grâce à une rencontre fortuite avec Alain Quezac, qui m’a dit un jour : « tu ne vas pas rester en short jusqu’à tes 40 ans… tu ne veux pas faire autre chose ? » 😀 C’est alors que j’ai repris les études, une formation en marketing. Désormais, cela fait plus de 20 ans que je m’épanouis dans mon travail. Il est possible d’atterrir en communication par des chemins détournés. En effet, dans le domaine très particulier qu’est l’évènementiel , le communicant fait partie d’un dispositif très large , nécessitant des techniques de COM très variées. Et pour réussir un évènement c’est le relationnel qui prime, la notion de partage avec les autres, se révèle d’autant plus vraie dans notre secteur.
D. A. : J’ai, tout comme Pierre, un parcours très alambiqué. J’étais également un passionné de sport, notamment de rugby. C’est ainsi tout naturellement je me suis retrouvé en STAPS. Toutefois, je ne souhaitais être ni professeur, ni entraineur. Je me suis donc réorienté vers la communication évènementielle, ce qui m’a tout d’abord amené à être chef de projet jeunesse et sports au Conseil Général des Hauts-de-Seine. C’était une expérience fabuleuse. Par la suite, j’ai exercé à l’EPAD, Etablissement Public d’Aménagement de la Défense. Nous avons eu la chance de monter une régie évènementielle, pour accueillir tant les agences que les annonceurs sur le parvis de la Défense, à l’occasion d’évènements colossaux qui comptaient parfois plus de 300 000 personnes. C’est véritablement l’organisation de ce genre d’opération, qui m’a conforté dans mes choix professionnels. Avant d’intégrer Amundi, je suis également passé par une agence, on y travaille comme des dingues, mais rien n’est plus formateur. L’expérience en agence constitue une valeur inestimable pour rejoindre l’annonceur, elle est la garantie d’une expertise de marché pointue.
⏰ À quoi ressemble une journée type ?
D. A. : Le quotidien d’un communicant varie énormément. Les projets de mes équipes sont très différents, aussi la journée type n’existe pas véritablement. J’assiste en général à de très nombreux comités de pilotage, des réunions avec le commanditaire du projet, qui n’est pas nécessairement aguerri aux techniques de communication. Nous y évoquons l’état de l’avancement d’un projet, réévaluons les problématiques mouvantes et enfin, présentons nos idées. Ainsi, je peux briefer le comité de projet, l’équipe COM. Les réunions bien menées, permettent une bonne coordination. En communication, il est important de toujours se rappeler que la transmission de l’information est le nerf de guerre. Il faut savoir qu’en communication évènementielle, nous sommes sans cesse en mouvement, pour visiter des lieux où rencontrer des prestataires, même si cela est moins vrai en temps de crise sanitaire.
P. S. : Effectivement, il est complexe de parler d’une journée type dans nos professions. La seule constante à mon agenda, c’est mon rituel du matin. De 7H30 à 10H30, j’ai pris l’habitude de découper mon emploi du temps en demies heures, destinées aux sujetsde comptabilité, de gestion, de ressources humaines… Mon début de matinée est donc extrêmement réglé, le reste de ma journée varie : réunions, prospections, recommandations… Dans la communication, nous cherchons des idées répondant à des besoins précis, qui ne sont jamais les mêmes. Nous travaillons également beaucoup sur les propositions spontanées. Il est donc nécessaire de perpétuellement s’intéresser au monde qui nous entoure. Aussi, je me réserve une demie journée par semaine pour flâner : je me promène, je me cultive, je veille… Mon jeudi après-midi est sacré !
🙏 Qu’est ce qui est le plus stimulant dans le secteur de la communication évènementielle ?
D. A. : Avant tout c’est la rencontre ! Les relations nouées dans la collaboration d’un projet sont fortes. Humainement, notre secteur est inépuisable. J’apprécie débattre et discuter au quotidien, moi qui ai un avis sur tout. 😀 Je dirais aussi que la diversité des tâches à accomplir et la variété des spécialisations sont des moteurs. Je ne me suis jamais ennuyé, il y a toujours des trucs passionnants à faire, nous ne restons pas enfermés dans notre bureau. Mais attention, la COM n’est pas uniquement une passion, c’est un véritable métier de technicité et d’expertise. Trop souvent, l’idée voudrait que la communication soit à la portée de tous, mais c’est absolument faux. Il faut se battre afin de mener un projet à terme, en fonction de la deadline et du budget. Nous ne pouvons pas faire semblant. Moi qui ai toujours apprécié la logique entrepreneuriale, j’ai la chance de pouvoir associer rigueur et créativité dans la profession que j’exerce. Une anecdote ? Une fois que le jour J arrive, il n’est pas rare que nous souffrions d’un baby blues.
P. S. : Oui, les émotions sont souvent très fortes au sein des équipes de communication. Je dirais que le plus stimulant pour moi, c’est la présentation de la réponse au client. Je ne devrais peut-être pas le dire ici, mais il y a inévitablement deux scénarii qui s’offrent à nous en se prêtant à cet exercice. Soit, nous n’avons pas assez travaillé, mais il faut tout de même y aller et faire un effort de conviction, l’improvisation c’est toujours sympa. Soit, nous avons bien travaillé, ce qui arrive le plus souvent rassurez-vous, alors nous sommes fiers de ce qu’il y a à présenter. Dans la communication, il faut s’intéresser à tout, pour être paré à chaque éventualité et chaque problématique. Lorsque l’annonceur nous regarde médusé en disant « je n’y avais jamais pensé », alors l’excitation est à son comble.
🍾 Quel est l’évènement dont vous êtes le plus fier ?
P. S : Je vais en citer deux, le premier représente une fierté logistique, tandis que le second serait davantage une fierté créative. Notre agence a été sollicitée par l’Etablissement Français du Sang, afin de mettre en place l’organisation de leur journée mondiale. Ainsi, nous avons mobilisé nos moyens pour d’aboutir à une opération simultanée dans 22 villes, dont 3 faisant parties des départements d’outre-mer. Il nous a fallu faire preuve de beaucoup de rigueur pour mener à bien ce projet, qui consistait à mettre en place de véritables villages animés. Mon autre grande fierté réside dans l’opération « Les cafés de l’université », réalisée pour le groupe SNCF. L’entreprise souhaitait ouvrir les « chakra » de ses managers de proximité. Pour cela, nous avons privatisé de nombreux cafés à travers la France (plus de 120en deux ans). L’idée consistait à réunir autour de thématiques décalées et de façon participative, une trentaine de managers locaux à la manière des cafés philosophiques initiés à la fin des années 80. Ce fût un véritable succès !
D. A. : Lorsque je travaillais en agence, en 2005, nous avions Nike comme client. Tony Parker venait tout juste de remporter son deuxième titre à la MBA, un évènement d’envergure pour son sponsor. Nous avons relevé le défi du coup médiatique, en un temps record. L’idée : faire revêtir à la statue de la Liberté de Paris un maillot de basket de 9 mètres, en toute illégalité. Il n’était pas toujours évident de faire le buzz à cette époque où les réseaux sociaux étaient moins démocratisés. Toutefois, les retombées médiatiques furent gigantesques, l’image a fait le tour du monde, et ce pour une somme dérisoire. Cela a tout de même valu un petit tour au poste de police à notre directeur…
Quant à mon expérience chez Amundi, nous sommes fiers d’avoir tout récemment signé un partenariat avec l’Evian Championship, un master de golf féminin. Nous sommes présents dans ce sport depuis 2011, mais uniquement pour les évènements masculins. Il nous semblait essentiel de nous investir également dans le golf féminin, afin d’être davantage en phase avec les valeurs pour lesquelles nous militons. Enfin, chaque année notre équipe est en charge de l’élaboration d’un évènement colossal : Amundi World Investment Forum. C’est plus de 800 clients qui se réunissent plusieurs jours dans des conditions exceptionnelles, autour de conférences et débats. Notre évènement annuel est devenu une référence en Asset Managment. En 2019, nous avons eu la chance de recevoir John Kerry. Et, si la crise sanitaire ne nous avait pas fait revoir nos plans, l’invité d’honneur de 2020 n’était autre que Barack Obama. C’est extrêmement enthousiasmant d’échanger avec les équipes COM de l’ancien locataire de la Maison Blanche, non ?
↗️ Quelles sont les grandes évolutions de la communication évènementielle ?
D.A. : Le digital ! Nous en entendons énormément parler, toutefois nous n’y sommes pas encore. Il nous a fallu passer le cap, de manière quelque peu forcée : réflexion, investissement et recommandations. Aujourd’hui, de plus en plus, les chefs de projets deviennent de véritables réalisateurs d’émission TV. Cette transition numérique est une chose complexe, il nous faut faire preuve d’adaptation. Lors d’un évènement digital, l’organisation a beau avoir été idéale, en appuyant sur le bouton le stress est toujours au rendez-vous. Selon moi, le physique demeurera, nous avons besoin du contact. Cependant, les modèles d’organisation vont se modifier. En communication évènementielle, il faut perpétuellement faire des mises au point, s’ajuster au monde environnant.
P. S. : J’ajouterais que, pour réaliser un évènement WEB TV en communication évènementielle, il ne suffit pas de filmer. Cela nécessite des compétences bien plus spécifiques ! Il est important de rééduquer les annonceurs sur le coût de l’évènement digital. Certes, les moyens alloués au réceptif (accueil, site, restauration…) sont supprimés mais il ne s’agit pas d’une réunion filmée ou d’une visio sur TEAMS, les fondamentaux restent les mêmes et cela demande souvent davantage de préparation. En évènement distanciel, la perpétuelle question qu’il faut se poser est : « quel sera le support utilisé par la cible ? » Si nous donnons tout sur la qualité d’un contenu, qui ne sera finalement visionné que sur smartphone, alors cela aura été une perte de temps et d’argent. En ce qui concerne les réunions, évènements en présentiel, évidemment ils reviendront, mais tout en se rééquilibrant. Sous la contrainte sanitaire, nous sommes passés d’un extrême à l’autre l’année dernière. Le temps du phygital est venu. Désormais, il faut se réadapter aux nouveaux modes de vie. Un point intéressant me semble t-il, en COM interne le distanciel a aplatit les organigrammes, apportant ainsi davantage de transversalité aux collaborateurs.
🤓 Avez-vous un conseil pour les futurs communicants ?
P. S. : Demain vous appartient ! Dites au futur que vous arrivez. Il vous faut faire preuve de curiosité dans le secteur de la communication, questionnez-vous sans cesse et pensez contre vous-même. Un invariable de la COM, c’est l’adage « grands yeux, grandes oreilles ». Quant à un conseil plus concret : pensez digital. Nous avons fait un bond en avant considérable ces derniers temps, et ne nous reviendrons pas en arrière.
D. A. : Réalisez une expérience en agence, cela constituera pour vous une formation hors pair. C’est un rythme de travail soutenu, mais vous et votre valeur marchande en sortirez grandis. Soyez également bilingue, la moitié de votre travail se fera en anglais. Aujourd’hui de plus en plus de cursus, ceux de l’ISCOM entre autres, proposent de voyager, ne manquez pas cette occasion. Enfin et surtout, comme le dit Pierre, formez-vous au digital, il sera essentiel dans la communication de demain. Il vous faut acquérir une approche polyvalente en la matière, ce sera votre force. Vous avez la chance d’être nés avec la transformation numérique, exploitez cela !
Pierre Suc,
Fondateur de l’agence Plug and Play et Directeur du développement chez Ge Communication
David Abeille,
Directeur du management évènementiel, sponsoring et studio chez Amundi